jeudi 29 juillet 2010

GRANDE VICTOIRE DES CORIACES CONTRE LES CHOUCHOUTES !


Les filles et les petites-filles des femmes "libérées" qui ont gagné la bataille pour l'égalité des sexes dans les années '60 et '70, ont hérité de la combativité de leurs aînées. Elles ne s'en laissent pas imposer, savent se défendre et ne baissent pas les bras devant les difficultés ou les injustices. Un exemple ? En mars dernier, lorsque les jeunes joueuses de volleyball (photo ci-dessus) de l'Université Quinnipiac (Connecticut, USA) ont appris que leur programme sportif était éliminé pour des raisons monétaires, leur esprit de compétitivité a pris le dessus. Il s'est même transformé en colère lorsque les filles ont su que les autorités scolaires de leur institution d'enseignement avaient sacrifié le volleyball féminin au profit de la mise sur pied d'une équipe de...cheerleaders. "Ah non !" se juraient-elles, pas question de se faire damer le pion par ces "chouchoutes" de l'université !

Ne reculant devant rien, les volleyeuses frustrées ont pris les grands moyens et elles ont poussé l'affaire jusqu'à la Cour de Justice des États-Unis. Leur argument pour gagner leur cause : le cheerleading n'étant pas un sport, l'université n'avait pas le droit de remplacer leur programme sportif par une activité "de support" comme celle des meneuses de claques. Les filles de volley s'estimaient victimes de discrimination. Le juge Stefan Underhill leur a donné raison la semaine passée. Ayant connu très peu de succès lors de leur plus récente saison (cinq gains en 35 parties), l'équipe féminine de volleyball de Quinnipiac pouvait savourer ainsi sa plus grande victoire. Le juge ordonnait à l'université de rétablir son programme de volley féminin.


La décision de la Cour américaine a choqué beaucoup de "Pom-Pom girls" à travers tout le pays. Compte tenu des compétions nationales de cheerleading auxquelles prennent part plus de 5 000 collégiennes chaque année; et considérant tous les efforts, les sacrifices, les entraînements, les nombreuses heures de préparation physique et mentale que les filles doivent faire pour atteindre un niveau d'exécution satisfaisant, elles trouvent aberrant que leur discipline ne soit pas reconnue à part entière comme un sport.

Le problème se complique à cause des règlements universitaires qui exigent que les étudiants et les étudiantes aient autant d'opportunités (au nom de l'égalité des sexes), les uns que les autres, de développer leurs aptitudes sportives pour donner la chance aux meilleurs athlètes d'atteindre un niveau d'excellence. Ultimement, si leurs performances le justifient, cette élite sportive pourra éventuellement participer à des compétitions internationales comme des championnats mondiaux ou des jeux olympiques. Théoriquement, un tel scénario pourrait se réaliser pour nos joueuses de volleyball de Quinnipiac. Mais ce n'est pas le cas pour leurs consoeurs cheerleaders puisque leur activité n'est pas un sport reconnu. En les favorisant aux détriments des volleyeuses, pour des motifs budgétaires, l'université se trouvait à déséquilibrer l'offre d'opportunités sportives en faveur des garçons (ce qui va contre les règlements) puisque, contrairement aux filles, ces derniers se trouvaient tous dans des programmes de sports reconnus pouvant les propulser vers des niveaux de compétition supérieurs.


Dans son verdict, le juge Underhill a statué que le cheerleading n'était pas encore suffisamment développé et organisé pour constituer une discipline sportive offrant des opportunités comparables à celles des autres sports universitaires. En cour, Mary Ann Powers, l'entraîneuse de la quarantaine de meneuses de claques de l'université du Connecticut, a essayé de démontrer au juge que ses élèves étaient en fait des gymnastes. L'enseignante a plaidé que, à cause de leur costume, de leur apparence physique, et en raison de leur "popularité" auprès des garçons, ses "gymnastes" étaient victimes des préjugés et de la vision stéréotypée de la société à leur endroit. La jalousie des autres étudiantes vis-à-vis elles les amenait à tenter de les discréditer et de rabaisser le cheerleading à un statut d'activité dégradante pour la condition féminine. Le juge n'a pas retenu ces arguments.

Tout ce débat fait en sorte que les filles qui pratiquent le cheerleading ne veulent plus être appelées des cheerleaders, mais des gymnastes. Quoi qu'il en soit, si on retient le côté positif de ce procès, il faut féliciter les volleyeuses de Quinnipiac pour leur ténacité et leur leadership. Leur coach, Robin Sparks est extrêmement fier d'elles et il leur a rendu hommage: «Je m'estime très chanceux de pouvoir travailler avec des jeunes femmes aussi déterminées qui n'ont pas peur de se lever et de prendre position pour défendre leurs principes. Ce sera une joie d'être de retour au gym avec elles, cet automne.» Encore une belle histoire américaine digne d'être portée au grand écran ? Pourquoi pas !

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